Pendant des centaines d’années, l’utilité de la défense du narval, ou baleine « licorne », a laissé les scientifiques et les ancêtres inuits perplexes. Il s’agit d’un mystère évolutif qui défie bon nombre des principes connus des dents des mammifères.
Une nouvelle étude suggère que les baleines utilisent leurs défenses pour déterminer la salinité de l’eau et rechercher de la nourriture. Et les mâles peuvent les frotter l’une contre l’autre pour des sensations encore inconnues.
Les narvals mesurent de 13 à 15 pieds et pèsent entre 2 200 et 3 500 livres. Beaucoup d’entre eux ont une dent de huit pieds de long, ou défense, qui émerge du côté gauche de la mâchoire supérieure. La spirale unique de la dent, son degré d’asymétrie vers le côté gauche et sa distribution étrange chez la plupart des mâles et certaines femelles sont autant d’expressions uniques des dents chez les mammifères.
De nouvelles recherches suggèrent que la défense du narval possède des capacités sensorielles remarquables, lui permettant de déterminer la salinité de l’eau et de rechercher des poissons. (Crédit photo : Glenn Williams)
Après quatre voyages dans le Haut-Arctique canadien pour étudier ces baleines, Martin Nweeia, de la Harvard School of Dental Medicine, a découvert que la dent du narval, bien qu’apparemment rigide et dure, possède de remarquables capacités de détection. Grâce à dix millions de minuscules connexions nerveuses reliant le nerf central de la défense à sa surface extérieure, la dent ressemble à une membrane dont la surface est extrêmement sensible et peut détecter les changements de température de l’eau, la pression et les gradients de particules.
Une aide à la survie
Comme ces baleines peuvent détecter les gradients de particules dans l’eau, elles peuvent discerner la salinité de l’eau, ce qui pourrait les aider à survivre dans leur environnement de glace arctique. Elles peuvent également détecter des particules d’eau qui laissent deviner les poissons qui constituent leur régime alimentaire.
Il n’y a aucune comparaison connue dans la nature et certainement aucune plus unique dans la forme, l’expression et l’adaptation fonctionnelle des dents.
« Pourquoi une défense enfreindrait-elle les règles du développement normal en exprimant des millions de voies sensorielles qui connectent son système nerveux à l’environnement arctique glacial ? ». a déclaré Nweeia. « Une telle découverte est surprenante et a effectivement surpris tous ceux d’entre nous qui l’ont découverte ».
Dans le passé, les scientifiques ont présenté de nombreuses théories pour expliquer le but et la fonction de la dent, bien qu’aucune d’entre elles n’ait été acceptée comme définitive. L’une des plus courantes est que la dent sert à manifester l’agressivité entre les mâles, qui se disputent la hiérarchie sociale. Une autre hypothèse est que la dent est un caractère sexuel secondaire, comme les plumes du paon ou la crinière du lion.
En savoir plus
Ces découvertes ouvrent une nouvelle voie à la recherche scientifique. La défense est également sensible au toucher, et les narvals sont connus pour leur comportement de « défenses », lorsque les mâles se frottent les uns aux autres. En raison de la capacité sensorielle tactile de la surface de la défense, les baleines éprouvent probablement une sensation unique.
« Maintenant que nous connaissons les capacités sensorielles de la défense, nous pouvons concevoir de nouvelles expériences pour décrire certains des comportements uniques et inexpliqués de cette baleine insaisissable et extraordinaire », a déclaré Nweeia.
En raison de leur structure physique, les défenses sont à la fois solides et flexibles – une défense de huit pieds de long peut céder un pied dans n’importe quelle direction sans se briser. C’est pourquoi les chercheurs étudient actuellement les défenses des narvals afin de trouver des moyens pratiques d’améliorer les matériaux de restauration dentaire.