- Génitif : Monocerotis
- Abréviation : Mon
- Classement par taille : 35ème
- Origine : Petrus Plancius
La bête mythique à une corne, la licorne, est représentée par cette constellation qui était inconnue des Grecs anciens. Monoceros a été représenté pour la première fois en 1612 sous le nom de Monoceros Unicornis sur un globe du théologien et cartographe néerlandais Petrus Plancius. C’est sur ce même globe qu’apparaît pour la première fois Camelopardalis, une autre de ses inventions.
En 1624, l’astronome allemand Jacob Bartsch l’a représentée sous le nom d’Unicornu (sic) sur une carte stellaire dans son livre Usus Astronomicus Planisphaerii Stellati, ce qui explique qu’on lui attribue parfois à tort l’invention de cette planète. Dans son livre, Bartsch mentionnait plusieurs passages de la Bible censés mentionner les licornes, bien qu’ils soient aujourd’hui considérés comme des traductions erronées. Il n’est pas certain que Plancius ait introduit la constellation en raison de ces références bibliques, mais la licorne a longtemps été considérée comme un symbole chrétien de pureté. L’astronome polonais Johannes Hevelius a adopté Monoceros dans son influent atlas et catalogue d’étoiles publié en 1690, ce qui a assuré son acceptation par les autres astronomes.
Monoceros se pavane entre Canis Major (en dessous) et Canis Minor (au-dessus) sur l’Atlas Coelestis de John Flamsteed (1729)
Ses six étoiles les plus brillantes se sont vues attribuer des lettres grecques par l’astronome américain Benjamin Apthorp Gould dans son catalogue Uranometria Argentina de 1879. Cependant, selon les mesures modernes, Bêta Monocerotis est plus brillante qu’Alpha, ce qui en fait une autre constellation dans laquelle Alpha n’est pas l’étoile la plus brillante. (Une tentative antérieure de lettrage par l’astronome anglais Francis Baily dans son British Association Catalogue de 1845 a été un échec ; par inadvertance, il a omis les lettres Alpha et Beta, et a donné la lettre Gamma à l’étoile qui est devenue l’Alpha de Gould).
Monoceros remplit une large zone entre Hydra et Orion où il n’y avait pas de constellation grecque. Elle n’est pas proéminente (ses étoiles les plus brillantes sont de quatrième magnitude) mais elle se trouve dans la Voie lactée et contient une foule d’objets fascinants, notamment la nébuleuse de la Rosette, une masse de gaz incandescente en forme de couronne avec des étoiles incrustées.
Aucune légende n’est associée à la constellation, car il s’agit d’une figure moderne, et aucune de ses étoiles ne porte de nom.
Représentations de la licorne
Plancius avait déjà montré la licorne et la girafe ensemble dans un coin de sa carte du monde de 1594 (détail ci-dessous) qui représentait des animaux d’Asie ; elles apparaissent avec quelques éléphants, plus ce qui semble être un mouton à grosse queue, et, plus à droite, quelques dromadaires.
La licorne trempant sa corne dans un ruisseau, vue sur les illustrations entourant une carte du monde de Plancius datée de 1594
La posture de la licorne, qui trempe sa corne dans un ruisseau afin de le purifier pour les autres animaux, rappelle une scène des tapisseries de la Chasse à la Licorne, tissées dans le sud des Pays-Bas environ un siècle plus tôt, que Plancius aurait bien pu voir. Cependant, dans le ciel, la licorne est imaginée non pas penchée, mais la tête et la corne dressées. Peut-être la présence de Canis Minor et de Canis Major dans le ciel a-t-elle rappelé à Plancius les chiens entourant la licorne dans cette scène d’attaque des tapisseries de la Chasse. En outre, il a pu voir d’autres liens entre le ciel et la tapisserie avec la proximité d’un chasseur (Orion) et d’une rivière (Eridanus).
Les associations chinoises
Les astronomes chinois étaient habiles à créer des constellations à partir d’étoiles peu brillantes, mais même eux avaient du mal avec Monoceros. Une chaîne de quatre étoiles composée de 8, 13 et 17 Monocerotis plus une dans le sud des Gémeaux formait Sidu, représentant les quatre grands fleuves de Chine (Yangtze, Jaune, Huai et Si). Delta Monocerotis et une autre étoile, probablement 18 Mon, ont formé Queqiu, représentant deux collines de part et d’autre d’une porte du palais. Selon Sun et Kistemaker (1997), Alpha Monocerotis faisait partie de Tiangou, un chien de garde, dont la majeure partie se trouvait dans le nord de Puppis ; d’autres sources, cependant, placent Tiangou plus au sud. Beta et Gamma Monocerotis ne semblent avoir figuré dans aucune constellation chinoise.